La nouvelle exposition au musée du sumo situé au Kokugikan vient d’ouvrir ses portes et propose de se replonger dans l’histoire de ce sport en revenant sur les yokozuna de l’époque Edo (1600 – 1868) sans oublier l’un des lutteurs des plus inoubliables du sumo, le légendaire Raiden !
L’histoire du sumo est longue, mais seulement 71 lutteurs sont parvenus à atteindre le grade suprême de yokozuna depuis la création de ce titre en 1789, le dernier en date est Kakuryû en mars dernier. La période Edô a véritablement été l’âge d’or de l’épanouissement de la culture japonaise due à l’isolement total du pays. C’est durant l’ère Edo que le sumo s’est développé pour se s’approcher de la forme que nous lui connaissons aujourd’hui et la visite de cette exposition nous fait prendre conscience de ce fait puisqu’on y retrouve tous les ingrédients du sumo moderne.
La période Edo a vu en deux siècles et demi la nomination de seulement 12 yokozuna même si pour les deux premiers, Akashi Shiganosuke et Ayagawa Gorôji, leur promotion a été faite qu’à titre posthume. Le premier vrai yokozuna avéré est le très célèbre Tanikaze Kajinosuke pour qui cette exposition rend largement hommage. L’autre lutteur qui a vraiment marqué son époque et même l’histoire du sumo en général est le légendaire Raiden, le rikishi le plus fort ayant existé !
Le premier yokozuna, Akashi Shiganosuke, a été immortalisé par des artistes comme Kuniteru II ou Toyokuni III qui ont fait des estampes magnifiques mettant en scène le champion, cependant les plus belles pièces de cette exposition sont surtout celles concernant Tanikaze (1750 – 1795). Les répliques de ses keshô mawashi mais aussi quelques-uns de ses effets personnels comme certains de ses vêtements (haori), son matériel de correspondance, son livre de poche, son bol de riz ou sa licence de yokozuna sont présentés au public. Cependant, les vraies pièces maîtresses qui retiendront le plus l’attention sont la tsuna que Tanikaze utilisait lors des cérémonies ainsi que l’arc qu’il a reçu des mains du shogun Tokugawa en personne qui récompensa le vainqueur du dernier combat en 1794. Sur une sorte de parchemin, le yokozuna a laissé ses empreintes : 23 cm pour la main et 32 cm pour son pied, des dimensions assez incroyables pour un homme qui ne mesurait « que » 1,88 m pour 160 kg !
Raiden (1767 – 1825) est une véritable légende dans l’histoire de ce sport, avec un gabarit hors normes (surtout pour l’époque), 1,97 m pour 170 kg, son palmarès est aussi des plus impressionnants : en 22 ans de carrière, il a disputé 285 combats officiels pour un bilan de 254 victoires, 10 défaites et 21 nuls. Même si Raiden ne fût jamais yokozuna, il est celui qui a le plus haut niveau de réussite, rien que ça ! Le musée expose bien entendu des estampes représentant Raiden (qui fût le disciple du yokozuna Tanikaze), mais aussi plusieurs de ses affaires comme son oreiller, son kit de tabac, ses chaussures (tabi), ses ciseaux, son bol de riz et de thé, mais ce qui est le plus impressionnant est sans doute l’empreinte de sa main qui laisse imaginer la puissance de l’homme. On peut aussi y admirer quelques-uns de ses costumes (les dimensions donnent une idée de la montagne qu’il devait être) ainsi qu’un de ses kesho mawashi.
Les autres yokozuna sont moins mis en avant mais on y retrouve tout de même quelques pièces intéressantes comme la tsuna de Inazuma, 7ᵉ yokozuna ainsi que son mawashi en soie et son tablier de cérémonie.
On peut également voir les empreintes de mains de Onomatsu (6ᵉ yokozuna), la tsuna de Hidenoyama (9ᵉ yokozuna), la licence de yokozuna de Jinmaku (12ᵉ yokozuna) ainsi que sa tegata.
Comme à l’accoutumé, un petit film de 7 minutes est présenté et cette fois il est consacré à l’intronisation du dernier yokozuna en date, le mongol Kakuryû qui est devenu le 71ᵉ de l’histoire en recevant sa tsuna et en effectuant son premier yokozuna dohyô iri en public au temple Meiji.