Sumo international amateur

Sumô international amateur : Interview de Dan Kalbfleisch

Jean-Philippe Cabral et Dan Kalbfleisch

Sumô international amateur : Interview de Dan Kalbfleisch

Pour débuter cette nouvelle année 2019, l’équipe de rédaction a pris de bonnes résolutions, et parmi celles-ci, la décision de couvrir beaucoup plus le sumô amateur et les compétitions internationales.

Dans ce cadre, c’est le rikishi français Jean-Philippe Cabral, habitué de ces tournois dans le cadre européen, qui vient aujourd’hui nous donner un coup de main. Et sa première production suit, une interview du multi-champion américain Dan Kalbfleisch, qui lutte sur le circuit amateur international depuis plus de dix ans.

Nous reviendrons encore sur le sumô amateur dans les semaines qui viennent car nous comptons mettre en place une nouvelle rubrique régulière sur ce sujet.

En attendant, profitez de l’interview et bonne Année 2019 !

Interview de Dan Kalbfleisch – Jean-Philippe Cabral – Décembre 2018

Jean-Philippe Cabral : Comment vas-tu ? Peux-tu te présenter ?

Dan Kalbfleisch : Hello. Bonjour. Mon nom est Dan Kalbfleisch.  Je suis heureux de discuter de sumo avec toi.

Dan Kalbfleisch

JPC : Comment as-tu découvert le sumô et depuis quand le pratiques-tu ?

DK : En 2005, j’ai vu un documentaire à la télé, qui s’appelait « Sumo : East and West ». Le film se focalisait sur les Hawaiiens Akebono et Konishiki, qui était des champions de l’ôzumô, le sumô professionnel japonais. Il présentait aussi des champions de tournois internationaux de sumô venant des USA : Wayne Vierra and Emmanuel Yarbrough. C’était la première fois que j’entendais parler de compétitions internationales. J’étais enthousiaste car je découvrais que je n’avais pas besoin d’aller au Japon pour essayer le sumô. J’habite à Los Angeles, et j’ai été assez chanceux pour y trouver quelques athlètes s’entraînant au sumô.  Après avoir participé à mon premier essai, j’ai su que je voulais devenir un champion.

JPC : Tu as lutté à travers le monde, quel est ton palmarès ?

DK : J’ai commencé les compétitions de en 2005. En 2007, j’ai remporté mon premier championnat des USA de Sumô. Je suis à l’heure actuelle à mon 12ème titre de « US Sumo Champion ». J’ai été assez chanceux aussi pour voyager et combattre tout autour du monde. J’ai décroché une 5ème place aux championnats du monde, les « World Sumo Championships ». J’ai gagné des médailles d’or dans d’autres compétitions internationales comme : l’Open de sumô de Milan, le championnat de sumô de Buenos Aires, le « Muscle Beach Sumo Classic », et l’« Olympia Sumo Championships ».

JPC : Quel type de sumô pratiques-tu ? Oshi, Yotsu ou les deux ?

DK : Je pense que c’est important pour un athlète champion de bien maîtriser une grande variété de techniques de sumô. Le moyen le plus rapide et le plus facile de gagner un combat de sumô est de charger en avant et de repousser son adversaire en dehors du ring. Mais si votre adversaire est agile, vous devrez absolument agripper son mawashi pour pouvoir le contrôler. J’aime pratiquer beaucoup de techniques avec mes étudiants ; j’inclus dedans la poussée, la prise de mawashi, la projection, le déséquilibre et le soulèvement.

JPC : Quels sont tes meilleurs souvenirs en compétition ?

DK : Chaque compétition me rappelle de grands souvenirs. Que je gagne ou que je perde, j’aime me mesurer à de nouveaux athlètes doués. J’apprécie de voyager dans différentes nations et explorer ces beaux pays et rencontrer leurs habitants.  J’adore combattre devant de nouveaux publics, et entendre leurs encouragements. J’apprécie tout spécialement les « troisièmes mi-temps » avec mes confrères compétiteurs. Si je devais choisir mon meilleur souvenir, ce serait mon tout premier titre de champion de sumô des USA.

JPC : Quels lutteurs t’ont impressionné pendant une compétition ?

DK : J’ai toujours aimé regarder les Hawaïens qui ont fait leur carrière dans l’ôzumô, le sumô professionnel japonais. Konishiki, Akebono, et Musashimaru étaient des géants qui savaient comment utiliser le poids de leur corps comme il faut. C’est aussi marrant de regarder ces petits lutteurs agiles qui savent comment faire tomber les gros gars. Le plus impressionnant pour moi, ce sont les champions qui gagnent de manière convaincante sur le ring, mais qui ont aussi une attitude amicale et sympa en dehors du ring.

JPC : Que penses-tu des lutteurs de sumô amateurs japonais ?

DK : Les lutteurs japonais amateurs sont de grands athlètes. Ils sont aussi sérieux et stricts dans leur entraînement que des lutteurs professionnels. Si vous avez la chance de côtoyer un lutteur japonais pendant quelque temps, il commencera à la fin à se sentir plus à l’aise, et pourra apprécier votre compagnie.

Jean-Philippe et Dan sur le dohyo

JPC : Comment est généralement perçu le sumô aux Etats-Unis ?  Dans le passé, les USA ont eu quatre champions d’exception en ôzumô : Musashimaru, Akebono, Konishiki, Takamiyama…

DK : La plupart des Américains ne connaissent pratiquement rien du sumô. Fin des années 90, nous en avons eu un tout petit peu à la télé, quand les Hawaïens gagnaient les championnats d’ôzumô, mais cela n’a jamais été un sport populaire. Aujourd’hui, beaucoup d’Américains perçoivent le sumô comme une aimable plaisanterie. Ils n’y voient que deux bonshommes grassouillets, vêtus d’une couche-culotte, se tamponnant le bide au centre d’un ring. Des acteurs, se prétendant lutteur de sumô, sont utilisés dans les pubs pour vendre des produits. J’essaie de changer cette attitude lorsque je rencontre les gens en leur montrant de quoi est vraiment fait le sumô.

JPC : Comment te prépares-tu avant une compétition importante au niveau physique et technique ?

DK : J’essaye de rester en forme de compétition tout au long de l’année. Je maintiens un régime hautement protéiné, absorbant autour de 7.000 calories par jour. Je vais à la salle de gym six fois par semaine pour faire de la musculation. Je peux faire des exercices spécifiques au sumô, des étirements, et des mouvements corporels tout seul pendant la semaine, mais habituellement je ne peux seulement prendre un sparring-partner qu’une fois toutes les deux semaines pour la pratique du sumô. J’aime pratiquer une grande variété de techniques de sumô pendant mes entraînements, ce qui me permet de préparer mon corps à réagir à toute situation. Lors du dernier entraînement avant une compétition, je me concentre sur ma charge initiale (tachi-ai), ainsi que sur la victoire des combats de préparation avec 100% d’effort.

JPC : Que peux-tu nous raconter au sujet de notre forte amitié et de nos rencontres sur le ring dans le passé ?

DK : À l’occasion de mes voyages dans le monde, j’ai eu de la chance de rencontrer le seul lutteur de sumô français, Jean-Philippe Cabral. Cabral ne ressemble pas à un lutteur de sumô massif typique, mais c’est un athlète exceptionnel et un artiste des arts martiaux avec un respect et une passion pour le sumô qui a pu le mener très loin. J’ai eu l’occasion de lutter avec Jean-Philippe sur le dohyô plusieurs fois. Bien que je sois plus lourd que lui de près de 70kg, c’est encore un adversaire difficile pour moi. J’avais noté que sa force et sa technique ont progressé fortement chaque année. Ça doit être incroyable d’être le seul lutteur de sumô de son pays. Quand vous combattez un homme nu, vous devenez ami pour la vie. C’est vrai pour moi et Jean-Philippe. Notre rivalité sur le dohyô est devenue une grande amitié en dehors.

JPC : Si tu pouvais laisser un message aux fans français, quel serait-il ?

DK : Je voudrais remercier les fans français de sumô de supporter à la fois l’ôzumô et le sumô international. Vous avez une passion sophistiquée du sport du sumô qui permet de reconnaître la beauté et le côté athlétique. J’espère continuer la compétition en sumô, et j’espère conquérir les fans français.

Clic on the title bellow for interview in English :

Dan Kalbfleisch interview by Jean-Philippe Cabral

JPC: Can you introduce yourself and How are you?

DK: Hello. Bonjour. My name is Dan Kalbfleisch.  I am happy to be discussing sumo with you.

 

JPC: How did you discover Sumo and since when do you practice it?

DK: In 2005, I saw a documentary film on television, titled Sumo: East and West. The film focused on Hawaiians Akebono and Konishiki, who were sumo champions in Japanese ozumo. The film also featured international sumo champions from the USA, Wayne Vierra and Emmanuel Yarbrough. This was the first time I learned about international competitions.  I was excited to find out that I did not have to move to Japan in order to try sumo. I live in Los Angeles, and I was lucky to find a few athletes out here training sumo. After attending my first sumo practice, I knew that I wanted to be a champion.

 

JPC:  You fought across the world, what is your record?

DK: I started sumo competitions in 2005. In 2007, I won my first USA Sumo Championships.  I am now the 12-time US Sumo Champion. I have been fortunate to travel and compete around the world as well. I have placed as high as 5th at the World Sumo Championships.  I have won gold medals in other international competitions, such as: the Milano Sumo Open, the Buenos Aires Sumo Championships, the Muscle Beach Sumo Classic, and the Olympia Sumo Championships.

 

JPC: What kind of sumo do you practice? Oshi, Yotsu or both?

DK: I think it is important for a champion athlete to be proficient in a variety of sumo techniques.  The quickest and easiest way to win a sumo match is charging forward and pushing your opponent out of the ring.  But if your opponent is agile, you will definitely need to grab his mawashi in order to control him. I like to practice many techniques with my students; including pushing, grappling, throwing, tripping, and lifting.

 

JPC: What are your best memories in competitions?

DK: Every competition brings great memories for me. Whether I win or lose, I enjoy competing against new and skilled athletes. I enjoy traveling to different countries and exploring their beautiful land and people. I love fighting in front of new crowds, and getting them to cheer for me. I especially enjoy the after parties with my fellow competitors. If I had to choose one favourite memory, it would be winning the USA Sumo Championships for my very first time.

 

JPC: Which fighters impressed you during competitions?

DK: I always enjoyed watching the Hawaiians who made their name in Japanese ozumo.  Konishiki, Akebono, and Musashimaru were giant men who knew how to use their body weight properly.  It is also fun to watch the little agile wrestlers who know how to throw the big guys around. I am most impressed by the champions who win convincingly in the ring, but have a fun and friendly attitude outside of the ring.

 

JPC: What do you think about Japanese amateur sumo?

DK: The Japanese amateur sumo wrestlers are great athletes. They are just as serious and strict in their training as professional wrestlers. If you have a chance to be around a Japanese wrestler for a few days, they will start to feel comfortable around you, then start having fun.

 

JPC: How is Sumo generally perceived in USA? In the past, the USA had four champions in Ôzumô: Musashimaru, Akebono, Konishiki, Takamiyama was exceptions champions.

DK: Most Americans know very little about sumo. Sumo did get a little bit of television time in the early 1990s, when the Hawaiians were winning ozumo championships, but it was never a popular sport. Today, many Americans perceive sumo as a joke. They see sumo as two fat guys, wearing diapers, bumping bellies in the middle of the ring. Actors, pretending to be sumo wrestlers, are used in advertising to sell products. I try to change this attitude when I meet with people and teach them what sumo is really about.

 

JPC: How do you prepare before a big competition on the physical and technical level?

DK: I try to stay in competition shape throughout the whole year.  I maintain a high protein diet, eating about 7000 calories a day.  I go to the gym six times a week for weight lifting/strength training.  I can do sumo specific exercises, stretches, and body movements alone during the week, but I usually can only get a sparring partner once every two weeks for practice sumo matches. I usually like to practice a variety of sumo techniques during each practice, to prepare my body to react to any situation. During my last practice before a competition, I focus on my initial charge (tachiai), and winning each practice match with 100% effort.

 

JPC: What can you say about our strong friendship and our clashes on the ring in the past?

DK: During my world travels, I have been fortunate to meet the lone sumo wrestler from France, Jean Philippe Cabral.  Cabral doesn’t look like a typical heavy sumo wrestler, but he is an exceptional athlete and martial artist with a respect and passion for sumo, which has taken him far. I have had the opportunity to fight Jean Philippe in the dohyo several times. Even though I outweigh him by 70 kilograms, he is still a challenging opponent for me.  I have noticed his strength and techniques greatly improve every year. That is amazing for being the only sumo wrestler in his country. When you fight a man naked, you become friends for life. This is true for me and Jean Philippe. Our rivalry in the dohyo has become a great friendship outside of the dohyo.

 

JPC: If you could leave a message to French sumô fans, what would it be?

DK: I would like to thank the French sumo fans for supporting both ozumo and international sumo. You have a sophisticated passion to recognize the beauty and athleticism in the sport of sumo.  I hope to continue sumo competitions, and hope to earn the French people as fans of mine.

 

Retrouvez Dan Kalbfleisch sur son site Web : http://sumodan.com/

Philippe

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