La guerre a eu une grande influence sur le monde du sumo et plusieurs rikishi ont d’ailleurs été mobilisés et envoyés au front. Ceux qui restaient au pays accomplissaient divers travaux relativement physiques. Plusieurs lutteurs ont trouvé la mort durant les bombardements, notamment lors des grands raids aériens qui ont détruit Tokyo.
Le Kokugikan a été réquisitionné par l’armée japonaise lors de la guerre, mais après la défaite du Japon, c’est l’armée américaine qui a occupé les lieux. Mais comment se déroulait la vie des lutteurs durant cette période de troubles ? Y avait-il des tournois de sumo ? C’est à ces questions que répond cette nouvelle et dernière exposition de l’année en revenant sur les relations qu’avait l’ozumo avec la guerre.
Malgré une période noire, le sumo ne s’est jamais totalement arrêté, même pendant la guerre. Alors certes, le rythme était moins soutenu et les conditions plus difficiles, mais des tournois se tenaient toujours ne serait-ce qu’en soutient aux forces armées mobilisées. Les lutteurs n’étaient pas épargnés comme Yoshibayama qui deviendra par la suite yokozuna revenant de la guerre amaigri de 40 kilos ! Le yokozuna Tochinishiki a pour sa part rejoint la marine entre 1944 et 1945. D’autres célébrités du sumo ont également combattu comme le sekiwake Tamanoumi, le komusubi Kyushuzan ou le maegashira 18 Sharinishiki.
Mobilisation générale de l’Esprit National
Le patriotisme (on parle même de nationalisme) touchait tout le monde et l’Association Nationale de Sumo encourageait la population avec des slogans inscrits sur les banzuke comme sur celui de 1939 avec « Engagez-vous et rejoignez l’armée« . En mai 1940, le nom des lutteurs partis au combat était noté dans les marges du banzuke!
Le Kokugikan apportait également sont soutient en suspendant de grandes banderoles portant les inscriptions : » Mobilisation générale de l’Esprit National« , « Protégez les soldats blessés » ou « Ne baissez pas votre garde après avoir gagné« . La propagande incitait à l’obéissance totale avec des phrases telles que « Recherche des morts fidèles » et « consacré à la loyauté« . Les programmes des combats du jour étaient sans équivoque avec des phrases comme : « Atteindre la victoire totale l’année prochaine » ou « les gens (du peuple) sont des boules de feu !«
Pour supporter les troupes japonaises en Chine, des tournois de démonstration étaient organisés comme celui de 1940 à Nanjing. Akinoumi et Minanogawa, les yokozuna de l’époque, se rendaient dans des écoles d’aviation à Tokyo pour soutenir moralement les recrues et leur porter chance.
La ville de Tokyo a été presque entièrement rasée par l’aviation ennemie lors de grands bombardements en 1945 qui ont coûté la vie à des lutteurs comme le sekiwake Toyoshima ou le komusubi Matsuragata. Après la capitulation du Japon, le Kokugikan est occupé par les militaires américains et leur famille, le bâtiment a changé de nom pour être rebaptisé Memorial Hall et est devenu un lieu de divertissement.
Le sumo a toujours résisté même quand les temps étaient difficiles. Il fallait soutenir l’État, honorer l’Empereur et apporter un peu de réconfort aux militaires comme au peuple qui vivait les pires moments de son Histoire. La régularité des tournois et le nombre de jours pouvaient différer comme celui de novembre 1945 qui ne dura que 10 jours !
Le Japon a connu d’autres guerres et des lutteurs de sumo ont toujours été mobilisés pour défendre leur pays. Entre 1904 et 1905, le Japon attaque la Russie et de grands rikishi de l’époque s’impliquent dans les combats comme le sekiwake Ayanami ainsi que les komusubi Kashiwado et Shikainami.
La guerre de Boshin littéralement « guerre de l’année du dragon » est une guerre civile japonaise qui débuta en janvier 1868 sous le règne de l’empereur Meiji, quelques mois après la restitution du pouvoir suprême à l’empereur, et qui se poursuivit jusqu’en mai 1869. Elle vit principalement s’affronter, d’une part, les armées des clans de Satsuma, de Chôshû, de Tosa et leurs alliés, proches de l’Empereur et, d’autre part, les troupes appartenant au gouvernement shogunal d’Edo et les clans qui lui restèrent fidèles. Les ôzeki Wakashima et Asahidake ont participé à cette guerre civile tout comme le maegashira 5 Kuwanoyumi, le komusbi Kajigahama et le sekiwake Chitosegawa. Le yokozuna Jinmaku s’était également enrôlé dans le conflit.
L’exposition gratuite se tiendra au musée du sumo jusqu’au 24 décembre.
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