Les films d’animations qui se consacrent au monde du sumo sont extrêmement rares, surtout lorsqu’ils sont français ! Laurène Braibant, réalisatrice et animatrice de Sumo a bien voulu répondre à nos questions concernant son premier court métrage et ce sport souvent mal compris.
Bonjour Laurène, pourriez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Je suis animatrice, je travaille essentiellement dans le court métrage et les séries d’animation. Sumo est mon premier court métrage, c’est un semi-film de fin d’étude car je l’ai continué après avoir eu mon diplôme. Je n’avais pas beaucoup de moyens et j’ai ensuite travaillé pour des studios majoritairement dans le Nord et à Folimage, maintenant j’ai un nouveau projet de court métrage.
Sumo est votre premier film d’animation, pourquoi avoir choisi le thème du sumo ?
Je ne me souviens pas du moment précis où j’ai décidé de faire ça, je ne connaissais pas du tout le sumo avant mais la culture japonaise m’a toujours intéressée, notamment l’animation. Je voulais un film sur une scène de combat car j’ai toujours axé mes réflexions sur le corps et la chair.
À l’époque je faisais du ninjutsu qui présente des similitudes avec le sumo et je suis tombée sur une vidéo de sumo, je me suis dit : voilà, ça combine exactement ce que je voudrais faire ! J’ai découvert le sumo en faisant le film. J’étais très intéressée par le timing du combat, une longue préparation pour un combat si court.
Avez-vous fait un travail de documentation en amont sur le sumo ?
J’ai lu la biographie de Kirishima « Mémoires d’un lutteur de sumô », c’était une bonne base et le livre est vraiment super ! Dans le livre, Kirishima parle de ses nombreuses rencontres avec Konishiki, c’était une source d’inspiration, ce déséquilibre entre les lutteurs.
Comme je ne pouvais pas aller voir des matchs de sumo en vrai, j’ai regardé énormément de vidéos sur le net pour analyser chaque mouvement, comprendre comment ça se passait. Mais ce n’est pas si facile de trouver de la documentation en français sur ce thème. J’avais beaucoup cherché sur Internet les informations et j’ai essayé de respecter au maximum les règles, les prises (kimarite) car c’était important de comprendre.
Qu’est-ce qui vous fascine dans ce sport ?
J’aime beaucoup mettre en scène des corps qui ne sont pas dans les normes, des corps différents. Je n’avais pas trop de préjugés sur le sumo mais ce sont des corps qui n’existent pas ailleurs. Ce sont à la fois des monstres de muscles et en même temps, ils sont d’une souplesse extraordinaire, ce n’est pas commun, c’est presque surhumain !
Le sumo est à la fois grotesque et en même temps très sensuel. Je suis tombée sur un livre de photos de sumo et c’est magnifique (réf : SUMO de Makoto Kubota) ! Les chairs se mélangent, les corps sont en contact, c’est très beau.
L’animation des corps des lutteurs de sumo est-elle différente par rapport à des personnages plus classiques ?
C’est plus intéressant, je savais que c’était différent et je voulais m’amuser avec et aller vers l’abstraction. Tout est contraste, le rituel est tellement différent du combat qu’à animer, c’était plus captivant. Le sumo se prête très bien à l’animation car la précision des gestes, le rythme du combat s’apparentent au travail de l’animateur. C’était un vrai plaisir à faire.
La bande-annonce de « Sumo » :
Le style graphique est assez minimaliste, quelles sont les raisons de ce choix ?
C’est une question de moyens car à l’origine, je voulais le faire en couleurs mais en élaborant le story-board au fusain, j’ai trouvé le résultat très efficace puisque c’est le mouvement que je cherchais, c’était assez expérimental pour moi. Le fusain permet d’aller à l’essentiel.
Extraits de Sumo :
Sumo a été sélectionné dans plusieurs festivals, je crois ?
Il a surtout été sélectionné dans des festivals de vidéos live plus que d’animation. Le film a bien marché en Corée, il est aussi allé aux États-Unis, un peu partout en Europe. Pour l’anecdote, il a même été sélectionné en Espagne dans un festival de film de sport !
Suivez-vous l’actualité du sumo en regardant les tournois ?
J’ai suivi pendant et après mon film mais depuis deux ans environ, j’ai un peu abandonné. J’ai plusieurs projets en cours et je manque de temps. J’ai revu le documentaire de Jill Coulon (Tu seras sumô) et ça m’a redonné l’envie de m’y replonger.
Avez-vous d’autres projets à venir sur le sumô ?
J’ai envie, il commence par y avoir de plus en plus de choses sur sumo comme le roman graphique Yokozuna. J’aimerais bien continuer, il y a quelque chose à faire avec le sumo et mon entourage me pousse dans cette direction mais je ne sais pas sous quelle forme ça serait. Je m’y replongerais bien, car ça m’avait passionnée.
Quelles ont été les réactions des spectateurs à propos de Sumo ?
C’est surtout la forme du court métrage plus que le fond. Le côté expérimental déroute toujours un peu… On me demande souvent « pourquoi le sumô ? » mais j’ai du mal à y répondre.
Merci beaucoup Laurène d’avoir répondu à nos questions
Toutes les images, illustrations et vidéos proviennent du blog de l’auteure avec son aimable autorisation.
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Cette point de vue de part Madame Braibant pour moi un peu inattendu,mais vraimant en effet c'est tres gentil