Le yokozuna Hakuhô en rempotant son 33ème titre lors de l’Hatsu basho 2015 après sa victoire sur Kisenosato le treizième jour s’est emparé de la coupe de l’Empereur. Suite à cet exploit, le mongol a été présenté dans les médias du monde entier.
Comme s’est souvent le cas avec le sumo traité par les médias non japonais, une grande partie de la couverture s’est faite depuis vendredi à partir d’informations issues de la page Wikipedia de Hakuhô, parsemée de pépites d’informations reprises dans la presse japonaise.
La plupart des articles se focalisent sur son nouveau record, celui d’avoir dépassé les 32 titres remportés par Taihô, une performance qui a tenue plus de quatre décennies.
En revanche, on trouve beaucoup moins de récits qui s’intéressent à ce que signifie vraiment ce championnat en lui-même, et plus étroitement, sa connexion avec le sumo du passé et celui d’aujourd’hui.
C’est pour cette raison que les médias ont contacté quelques personnes, y compris des fans, des compétiteurs amateurs, un ancien pro de haute division pour voir ce qu’ils pensaient de cette nouvelle histoire qui est en train de s’écrire.
« Félicitations à Hakuhô qui devient le nouveau grand champion de la division makuuchi! » a dit un ancien maegashira, autrefois connu sous le nom de Sentoryû, de son vrai nom Henry Miller. Originaire de la Tomozuna Beya, il se souvient de Hakuhô à ses débuts : « Je me rappelle encore quand il a commencé le sumo, je me suis entraîné avec lui. Je pensais alors qu’il allait devenir un sekitori très fort mais je ne pensais pas qu’il deviendrait le nouveau recordman de yûshô« .
« C’est un privilège d’assister au règne suprême de Hakuhô dans le sumo et de le voir définir de nouveaux records » a déclaré John Traill, un lutteur amateur de longue date et directeur de la fédération internationale de sumo en Océanie. « Il est l’incarnation absolue de la condition d’un yokozuna — hinkaku (grâce et dignité) mais il parvient toujours à garder un côté impertinent sur et hors du dohyô« .
« Il a un niveau de confiance féroce qui lui permet de semer la peur dans les cœurs de tous ceux qui lui font face, il reste intouchable même quand il n’est pas en parfaite condition« .
Ce sont des sentiments partagés en partie par un lutteur bulgare très respecté, l’ancien champion léger Stiliyan Georgiev : « Hakuhô a un large arsenal de techniques et de compétences et il les utilise contre chaque adversaire. Ajoutez à cela son comportement sportif et le respect manifesté envers ses adversaires le rende encore plus grand« .
La lutteuse néerlandaise Francoise Harteveld, une judoka amatrice qui a remporté trois médailles d’argent au Championnats du monde et plusieurs médailles d’or dans des compétitions européennes, voit des similitudes avec ses propres techniques de judo et celles du sumo :
« Il cherche toujours à saisir le mawashi et ne compte pas sur les tsuppari [mouvements de poussées]. Hakuhô tente habituellement d’atteindre le pourtour du dohyô et expulse ses adversaires par le dos, et ce même quand il est blessé, il n’est pas facile à expulser — il est toujours rapide« .
Il y a aussi les fans sans lesquels le sport n’existerait pas.
Certains, comme l’israélien Moti Dichne (Kintamayama NDLR), suivent ce sport depuis des décennies et ont déjà vu des performances incroyables et pourtant, ils restent encore présents dans la crainte de l’homme du moment. « Hakuhô a battu le record indétrônable : 33 championnats — inexplicable« .
« J’entends des gens dire qu’il n’a aucun vrai adversaire et que dans le passé, il n’aurait jamais pu le faire. Il n’y a aucun moyen de savoir si c’est vrai. Tout ce que je sais, c’est qu’il est le plus robuste des yokozuna. Il fait paraître ses adversaires faibles. Même quand il n’est pas au mieux dans son sumo [comme dans ce basho], il est toujours parvenu à sortir des situations difficiles et les gagne« .
« Des statistiques incroyables, remportant 11 tournois terminés sur un score parfait… Dites ce que vous voulez : nous sommes en la présence du plus grand champion de tous les temps, aucun astérisque à côté de son nom. Ses records teindront pendant de nombreuses années« .
Même ceux qui suivent le sumo depuis très longtemps reconnaissent qu’il a quelque chose de spéciale qu’ils voient en lui. Harumi Kanaya, une récente fan de sumo dit : « tout le monde est vraiment heureux de le voir faire un nouveau record, en remportant son 33ème championnat il est l’un des yokozuna les plus populaires. Si seulement un lutteur japonais pouvait remporter un tournoi, je pense que la période faste du sumo reviendrait comme nous l’avions dans les années 90 avec Waka-Taka (Wakanohana – Takanohana, NDLR) »
Le tournoi de janvier a affiché complet tous les jours pendants les deux semaines, une première depuis la fin des années 90 et ce, grâce à un seul homme.
Souce : article de Mark Buckton pour Japan Times
Crédits photos : Nikkan Sports
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Il y a un petit bémol que tout le monde semble oublier, Asashôryû a dû faire son intai en 2010 alors qu'il écrasait le monde du sumo. Il aurait sans doute soulevé une 33ème coupe avant Hakuhô. Il est dommage que ce duel qui aurait pu être légendaire n'est pas été au bout de son histoire. Nous aurions eu droit à quelques kettei-sen.
Tout à fait d'accord avec vous. Les duels Takanohana vs Akebono par exemple réservaient toujours de belles surprises.