Apprécié, Kisenosato laisse derrière lui une carrière en dents de scie
Le 16 janvier a été marqué par la fin précipitée (mais pressentie) de la carrière du yokozuna Kisenosato. De par sa naissance japonaise, il jouissait d’une grande popularité, en particulier car il était le seul lutteur né-japonais à atteindre le plus haut niveau depuis 19 ans (avant lui il faut remonter en 1998 avec Wakanohana).
À ses débuts, Kisenosato, était respecté par l’ancien yokozuna Asashoryu alors qu’il était dans sa gloire, et avait même mis fin à la série de victoires consécutives du yokozuna Hakuho. Cependant, bien que luttant avec constance, Kisenosato a souvent perdu face à des rikishi de rang inférieur. Même après avoir atteint le rang d’ozeki, il a manqué de nombreuses occasions de remporter des tournois.
Entré dans le monde du sumo à l’âge de 15 ans, Kisenosato était l’un des rares lutteurs de l’actuelle division « makuuchi » à en gravir tous les échelons. Révélant parfois un visage en larmes en public, le 72ème yokozuna s’est attiré les faveurs de nombreux fans avec les hauts et bas de son parcours et les difficultés auxquelles il a fait face.
Kisenosato, dont le vrai nom est Yutaka Hagiwara, a d’abord été formé par le dernier maître de l’écurie Naruto (le yokozuna Takanosato alors encore en activité) et a fait ses débuts sur le dohyo lors du tournoi de printemps 2002.
Avec son entrée dans le monde traditionnel du grand sumo, il changea son nom de Hagiwara en Kisenosato selon le souhait de son premier maître de « créer une force rare » (des kanji kise : 稀 (rare) et 勢 (force) que l’on retrouve dans son nom Kisenosato : 稀勢の里).
Fidèle à son nouveau nom, Kisenosato est devenu le deuxième plus jeune lutteur de l’histoire récente à participer à un tournoi du Grand Sumo lors de celui de 2004 à Kyushu, à peine âgé de 18 ans et 3 mois. L’autre lutteur ayant eu cette précocité en division élite était l’ancien yokozuna Takanohana. À 19 ans et 2 mois, il remporte son premier prix Fighting Spirit, l’un des trois prix spéciaux décernés aux participants d’un tournoi, progressant rapidement dans une carrière prometteuse.
Dans la division makuuchi, Kisenosato a réussi à vaincre à quatre reprises Asashoryu, qui comptait 25 grands championnats à son actif. Le yokozuna a même dit de la force de Kisenosato: « Seul celui-là est différent ». Parmi les lutteurs de sumo japonais, il détient même le plus grand nombre de victoires contre le yokozuna mongol Hakuho avec 16 victoires. Lors de la compétition de Kyushu en 2010, Kisenosato a par ailleurs stoppé Hakuho dans sa quête pour battre le record du nombre de victoires consécutives de l’ancien ex-yokozuna Futabayama (69 victoires) le laissant à 63.
Cependant, Kisenosato a eu du mal à sceller toutes ses victoires pour en faire des tournois remportés et il lui a fallu sept ans pour atteindre le rang d’ozeki. Bien qu’il ait remporté beaucoup de grands combats, il a également subi de nombreuses défaites. Au cours du tournoi d’été 2012, après être resté invaincu pendant 11 jours, Kisenosato a terminé avec trois défaites consécutives et a vu le trophée aller à Kyokutenho, un maegashira des rangs inférieurs.
Il apparait que ces expériences difficiles aient commencé à le toucher dans sa personne quand il a commencé à verser des larmes lors de sa victoire du tournoi du Nouvel An en 2017.
Les larmes se sont encore manifestées lors du Grand Tournoi de mars suivant, son premier en tant que yokozuna, lorsqu’il a battu Terunofuji (alors ozeki) dans les playoff et cela, tout en souffrant d’une blessure au bras gauche et aux muscles de la poitrine.
Bien que disant : « Je n’avais vraiment pas l’intention de pleurer », on ne pouvait que constater qu’il avait les yeux brillants hors du dohyo.
Kisenosato a encore une fois montré des larmes lors de la conférence de presse annonçant son départ à la retraite le 16 janvier au Ryogoku Kokukikan à Tokyo, alors qu’il se remémorait ses 17 années de carrière.
« De nombreuses personnes m’ont soutenue, m’ont beaucoup encouragé et, quand je regarde en arrière, je ne peux m’empêcher de verser des larmes », a-t-il déclaré en se frottant les yeux à plusieurs reprises.
Son dernier maître d’écurie, Naruto, décédé en novembre 2011, lui a souvent dit que « lorsque vous devenez un yokozuna, votre vision des choses change ».
En réponse à la question d’un journaliste sur la véracité de ces propos, Kisenosato a déclaré: « Etre ozeki ou yokozuna sont deux choses complètement différentes. Cependant, je n’arrive pas encore à comprendre le point de vue de mon maître qui avait remporté quatre tournois au cours de son mandat ». Ses remarques ont révélé les regrets qu’il laisse derrière lui pour son incapacité à obtenir les résultats escomptés.
Kisenosato a été confronté à la question de sa retraite depuis qu’il a été blessé. Mais même dans ce cas, il a décidé de continuer à avancer pour ses fans et pour les personnes qui l’avaient soutenu et encouragé. Cela a forcé Kisenosato à s’absenter de huit tournois d’affilée et à enregistrer quatre défaites consécutives depuis le premier jour de la compétition de Kyushu fin 2018.
« Je regrette profondément de ne pouvoir être à la hauteur des attentes d’un yokozuna », a-t-il déclaré.
Lors de la cérémonie d’ouverture après avoir été promu yokozuna en janvier 2017 au sanctuaire Meiji de Tokyo, environ 18 000 personnes se sont rassemblées pour assister à la cérémonie. C’était à peine moins que Takanohana, qui avait attiré 20 000 spectateurs à sa cérémonie en 1994.
A la question de savoir si c’étaient ces attentes qui l’avaient alourdi et conduit à cette voie de sortie décevante, il a déclaré: « J’étais heureux en tant que lutteur de pouvoir participer au sumo au milieu de ces acclamations. »
En étant un homme de peu de mots qui incarnait le lutteur de sumo idéal traditionnel en étant « plein de bonté mais puissant », Kisenosato était aimé de beaucoup.
« Je n’aurais pas pu aller aussi loin sans vous », a-t-il déclaré, exprimant sa gratitude envers ses fans qui l’avaient encouragé même dans ses moments les plus douloureux.
A l’heure d’un tournant dans sa vie, et qu’il va devenir un entraîneur de jeunes lutteurs, il a déclaré: « Je voudrais bâtir des lutteurs qui participent au sumo de tout leur cœur et qui seront forts face aux blessures. »
Avec une expression de soulagement sur le visage, il quitta la conférence de presse et la salle derrière lui.
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Beloved by fans, Kisenosato leaves behind career of many ups and downs
In his early days, Kisenosato, 32, was respected by former yokozuna Asashoryu while the former was in his glory days, and had even put a stop to yokozuna Hakuho’s historic streak of consecutive wins. However, struggling with consistency, Kisenosato lost often to lower-ranking grapplers, and even after he rose to the second-highest rank of ozeki, he let many chances to win tournaments pass him by.
Entering the world of sumo at the age of 15, Kisenosato was one of the few grapplers in the current top « makuuchi » division that made his way from the bottom to the top. Sometimes revealing a tearful face in public, the 72nd yokozuna attracted the favor of many fans with the ups and downs of his career path.
Kisenosato, whose real name is Yutaka Hagiwara, first trained under late stable master Naruto, who was yokozuna Takanosato when he was an active grappler, and made his debut on the « dohyo » ring during the 2002 spring tournament. With his entrance into the traditional grand sumo world, he changed his name from Hagiwara to Kisenosato along with the wishes of his first stable master to « create a rare strength (kise). »
True to his new name, Kisenosato became the second youngest wrestler in recent history to stand in the ring at the 2004 Kyushu Grand Sumo Tournament at the age of 18 years and 3 months. He was second only to the elite grappler and former yokozuna Takanohana. At 19 years and 2 months old, he won his first Fighting Spirit Prize, one of three special prizes awarded to tournament participants, advancing his career rapidly.
In the makuuchi division, Kisenosato managed to defeat Asashoryu, who had 25 grand championships under his belt, a total of four times. The yokozuna even said of Kisenosato’s strength, « Only that one is different. » Among Japanese sumo wrestlers, he even holds the highest number of wins against Mongolian yokozuna Hakuho at 16. At the 2010 Kyushu meet, Kisenosato put an end to Hakuho’s quest to best former yokozuna Futabayama’s record 69 consecutive wins at 63.
However, Kisenosato struggled to seal any tournament victories, and it took him seven years to rise to the rank of ozeki. While he won many big bouts, he also had many unfortunate losses. During the 2012 Summer Grand Sumo Tournament, after remaining undefeated for the first 11 days, Kisenosato finished with three consecutive losses, and saw the trophy go to Kyokutenho, of the lower maegashira ranks.
It seems that these tough experiences came to his mind when he began shedding tears during his victory interview after the New Year meet in 2017. The tears came again during the following March Grand Tournament, his first as a yokozuna, when he defeated sole leader and then-ozeki Terunofuji in their regulation and playoff bouts for an upset while suffering from an injury to his left arm and chest muscles. While saying, « I really didn’t intend to cry, » he still showed glistening eyes out of the ring.
Kisenosato again showed tears at the press conference announcing his retirement on Jan. 16 held at the Ryogoku Kokukikan sumo venue in Tokyo, as he looked back over his 17-year career. « I was supported by many people, had many cheer me on, and when I look back, I can’t help but shed tears, » he said, wiping at his eyes repeatedly.
His late stable master Naruto, who passed away in November 2011, often told him that « when you become a yokozuna, the way you see things will change. » In response to a reporter’s question about the truth of those words, Kisenosato said, « Ozeki and yokozuna are completely different. However, I was still unable to see the view of my master, » who had won four tournaments during his time as yokozuna. His remarks revealed the regrets he leaves behind for his failure to perform as he aspired.
Kisenosato had been conflicted about retirement since suffering his injuries. But even then, he decided to continue forward for his fans and the other people who had supported and cheered for him. This forced Kisenosato to be absent from eight tournaments in a row and post four consecutive losses from the first day of the Kyushu meet in 2018, among other unsatisfactory records he left behind. « I deeply regret that I was unable to live up to what is expected of a yokozuna, » he said.
At his ring entry ceremony after being promoted to yokozuna in January 2017 at Meiji Shrine in Tokyo, about 18,000 people crowded around to attend. This was second only to Takanohana, who attracted 20,000 fans to his post-promotion ceremony in 1994. When asked if it were those very expectations that had weighed him down and led to the unfortunate outcome, he said, « I was happy as a competitor to be able to take part in sumo amidst those cheers. »
As a man of few words who embodied the traditional ideal sumo wrestler in being « kind but powerful, » Kisenosato was loved by many. « I could not have made it this far without you, » he said, expressing his gratitude to his fans who cheered him up even in his most painful moments. Now, as he faces a change in becoming a trainer of young grapplers, he said, « I would like to raise wrestlers who participate in sumo with all their heart and are strong against injuries. »
With an expression of relief, he left the press conference and the sumo venue behind him.
Written by Kyodo
Crédits photo : Asahi
Kisenosato illustre bien l’immense difficulté à devenir Yokozuna et plus encore à le rester. Je ne savais pas qu’il avait battu 4 fois asashoryu et 16 fois Hakuho !!! ça ne fait que renforcer la performance de Hakuho qui lui reste au top sans réel concurrent (si ce n’est pour le battre ponctuellement), malgré un age avancé. Jusqu,ou ira-t-il s’il ne connait pas de graves blessures ???
Hakuho voit partir son meilleurs adversaire, et le monde du sumo perd un formidable combattant.
Je lui souhaite toute la réussite pour sa nouvelle carrière. Je suis certain que nous intenterons parler de lui.
Respect à lui. Il nous manquera.